samedi 12 mai 2012

Un petit air de Révolution…

Les documents privés sur la Révolution Française en province sont rares : dans ces temps si troublés, bien peu de personnes jouissaient d’assez de tranquillité d’esprit pour se rendre compte des événements journaliers et surtout n’avaient pas l’idée de livrer au papier des impressions destinées à leur survivre un jour et à jeter quelque lumière sur le présent d’alors devenu le passé pour nous.
C’est pourquoi dans ce nouvel article j’ai décidé de vous parler de l’un de nos ancêtre, le Conseiller Bicherel, et plus particulièrement de son livre de raison (aujourd’hui nous pourrions appeler cela un journal intime). Ce manuscrit existe toujours, il n’est plus dans la famille Bicherel mais il appartient désormais au Musée de Lisieux, où il est toujours conservé actuellement.
Un mot sur l’auteur, Maître Jean-Pierre Bicherel, fut Conseiller du Roi et son auditeur en la Cour des comptes, aides et finances de Normandie. Cette cour correspond à l’Echiquier de Normandie, autrement dit, l’ancien Parlement du Duché actuellement le palais de Justice de Rouen.


C’est à Pont-l’Évêque, en la chapelle des dames religieuses de cette ville, le 18 Septembre 1742, que fut célébré le mariage du Conseiller Bicherel avec Marie-Louise Catherine POUCHIN des TAILLIS, il avait 25 ans, elle avait 10 ans de moins que lui, leur union devait se prolonger longtemps et ils assisteraient ensemble à l’avènement du XIXème siècle.

Extrait du Ouest-France 1996 - Vente aux enchères de Deauville
Marie-Louise Pouchin des Taillis était la fille de Maître Jean-Pierre Pouchin, sieur du Taillis, Conseiller du Roi, auditeur en la Cour des comptes de Normandie et de Noble Dame Marie-Catherine du Mesnil (famille dont nous aurons l’occasion de reparler puisque nous descendons également de cette branche au XVIIème siècle).
Jean-Pierre Bicherel et sa femme habitaient tantôt Rouen où Jean-Pierre était appelé par ses fonctions judiciaires, tantôt à Pont-l’Evêque où ils possédaient une maison, tantôt enfin sur la terre des Enclos à Bénerville que le Conseiller Bicherel avait reçue de ses ancêtres.
C’est aux Enclos, propriété voisine de la mer, mais préservée des vents du nord par la colline du Mont-Canisy à laquelle elle se trouve adossée vers le sud, que Jean-Pierre et son épouse passèrent leurs dernières années.




Revenons sur notre manuscrit, il se présente en un petit registre recouvert de parchemin renfermant 76 feuilles de papier. Le registre va du 1er janvier 1795 au 19 mai de l’année 1801.
Je ne vous retranscrirais pas l’intégralité du Livre de Raison, mais quelques petits extraits.

« Mercredi 22 Juin 1795, il court un bruit qu’une bande de chouans s’est aussi répandue dans ce pays, dont le noyau paraît se concentrer vers la forêt ; un des leurs, dit-on, a déjà été tué depuis peu de jours. »

« Mardi 18 Octobre 1795, un saumon pesant 13 livres ½  a été acheté hier pour nous à la poissonnerie de Pont-l’Évêque par notre domestique Courtois, la somme de 10 livres 5 sols à raison de 16 sols la livre, dont nous envoyons la moitié à Monsieur Le Pecq de La Closture, docteur en médecine à St Pierre Azif, docteur Régent et Professeur royal de chirurgie en la faculté de Médecine de Caen, en l’invitant à dîner demain aux Enclos avec toute sa famille. »

« Samedi 24 Août 1799, à la veille de la fête de ma femme, nos voisins du Bouillonney, Le Pecq et Bornainville de Beaumont se sont réunis pour venir diner aujourd’hui chez nous au nombre de 19 sans y être invités, apportant chacun leur bouquet en fleurs et subsistances ; celles du Bouillonney étoient des anguilles, celles des Le Pecq plusieurs bouteilles de vin de champagne, celles de M et dames Huline, officier dans les colonnes mobiles, logés chez nous, poisson, fleurs et gâteaux surmonté d’un très beau ruban à fond vert à fleurs couleur d’aurore qui a été reconnu pour être très beau. M l’abbé Mutrel y étoit aussi avec Mme Le Bon, tante de Mme Le Pecq et une petite dame de ses amis, Mme et Melle de St Vaast, et Melle de Paix de Cœur, sa nièce. »

Comme on peut le voir d’après ces courts extraits, ce cher Conseiller Bicherel aimait les repas et la bonne chair ! Je comprends mieux maintenant mes côtés gourmands :p

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