Amédée Joseph OUIN nait le 19
Avril 1844 à Paris au 14 rue des Bourdonnais. La rue des Bourdonnais se situant
dans le 4ème arrondissement de l’époque entre le Palais du Louvre et
L’Hôtel de Ville de Paris, juste à l’angle du Pont Neuf. Ses parents Joseph
Amédée OUIN (1813-1870) et Olive Aimé Renée Marie SALMON (1819-1902) sont alors
négociants en draps.
Le
4ème arrondissement ancien est devenu, en 1860, le 1er arrondissement actuel. Joseph
Amédée OUIN fait sa scolarité au Collège Municipal Chaptal à Paris durant les
années 1855-1861.
Le 01er Août 1861 Amédée Joseph OUIN
entre dans le service des Ponts et Chaussées du département des Côtes du Nord
(Côtes d’Armor aujourd’hui, 22) en qualité d’employé temporaire. Il sera alors
élève ingénieur sous la direction de son oncle Paul Joseph DELARUE à Loudéac (22),
époux de Marie Louise Renée SALMON, sœur d’Olive SALMON mère d’Amédée Joseph
Ouin.
En 1864, Amédée Joseph OUIN a 20 ans, son père
l’inscrit sur les listes de Paris pour le service militaire. Le Tableau de recensement et la Liste
de tirage au sort du 1er arrondissement, année 1864
: Cote D1R1 214.
En
1864 les parents d’Amédée sont gérants d’une usine d’effilochage (Société
Lainière A. Ouin et Cie) située à la Villette : La commune de la Villette a été
annexée à Paris en 1860 et constitue une partie du 19ème arrondissement
actuel. Lorsque La Villette fut
annexée à Paris, en 1860, le charbon, l’huile … furent soumis au droit
d’octroi, et l’usine fut transférée à Chambines, la force motrice étant fournie
par la roue d’un ancien moulin. Cette usine existe toujours ; je crois qu’elle
fournit de l’électricité à EDF. Joseph Amédée OUIN et son épouse Olive Marie
Renée SALMON s’installèrent alors au château de Chambines, près de l’usine. Ils
sont gérant de l’usine d’effilochage de la Société Lainière sis avant 1860 au
95 rue de Flandres dans le 19ème arrondissement de Paris. En 1861, l’usine
compte près de 200 ouvrières.
Joseph
Amédée OUIN, père d’Amédée venait souvent à Elbeuf visiter les fabricants pour
leur vendre les produits (fil) de l’usine. Les industriels d’Elbeuf disaient, à
tort ou à raison, qu’ils ne se servaient du fil de récupération que pour les
draps destinés à faire des envers de costume, et on appelait Joseph Amédée OUIN
"Mon oncle d’Anvers ».
Le Tableau
de recensement et la Liste de tirage au sort du 19ème
arrondissement de l'année 1864 : Cote D1R1 239 :
Amédée
Joseph OUIN est
inscrit au Tableau de recensement avec le n° d'ordre 449.
Lors
du recensement militaire de 1864, Amédée est alors élève ingénieur.
Il est
alors domicilié à Loudéac, Côte du nord, et c'est son père qui demande son
inscription.
Ses
père est mère demeurent alors sur le 19ème arrondissement de Paris, 95 rue de
Flandre.
Lui
échoit alors un numéro de tirage au sort, le 402. Sur la Liste de tirage au sort du dit 19ème, en
fin du même registre, cote D1R1 239 :
Les
informations sont à peu près les même que sur le Tableau de recensement à
ceci près que, dans
la case de la décision du conseil de révision (2ème page) il est inscrit :
Libéré. Ayant
déjà consulté le Tableau d'affectation de la classe 1864, Cote D4R1
14, je sais qu'il n'y est pas inscrit. Ce "Libéré" semble vouloir
dire "Libéré des obligation militaire". Il
restait toutefois un document à vérifier, Intitulé Contingent,
registre matricule concernant les 17ème, 18ème, 19ème et
20ème arrondissements Classe 1864 - Cote D4R1 17. Lors
de son mariage en 1870, Amédée Joseph OUIN est dit libéré de son service
militaire car exempt par son numéro.
Le 09 Mai 1865 Amédée Joseph OUIN est témoin lors
du mariage de Louis DERVAIN et de Rosalie COEURET à Plouguenast (22). Lors de ce mariage il a pour profession
employé des Ponts et Chaussées.
Le 27 Novembre 1865 Amédée passe l’examen d’agent
voyer cantonal en lieu et place de l’examen de conducteur des Ponts et
Chaussées (ce dernier n’ayant pas eu lieu en 1865) à Evreux (Eure). Il sera
alors employé au poste d’agent voyer cantonal de 3ème classe. Il
restera à ce poste jusqu’au 31 Décembre 1868. Pendant ces trois années dans le
service vicinal de l’Eure, Amédée a fait exécuter de nombreux travaux de
construction de chemins, de ponts, etc. Entre autres travaux d’une certaine importance, il
a surveillé sous les ordres de l’agent voyer d’arrondissement de Pont Audemer
(Eure) la construction du chemin de fer d’intérêt local de Glos Montfort à Pont
Audemer (voir notes 1 à la fin du dossier). Amédée a également dirigé les
travaux de construction d’un pont tournant de 50m d’ouverture sur la rivière la
Risle, presque à son confluent avec la Seine.
Le voyer est l’inspecteur des chemins. C'est l'officier préposé à
l’entretien des voies publiques sous l’Ancien Régime, qui prend ensuite le nom
d’agent voyer au XIXe siècle
(et d’architecte-voyer dans les villes).
En France, les agents voyers dépendent du Ministère de l'Intérieur et
sont responsables de la construction et de l'entretien des chemins vicinaux. Il
y aurait eu 3 500 techniciens ou ingénieurs, recrutés localement et
organisés en agence départementale placée sous l'autorité du préfet depuis 1836
et du Conseil général depuis 1867. Ces agents voyers peuvent, moyennant rémunérations
accessoires, travailler pour le compte des municipalités. La route ou grande
voirie dépend du Ministère des Travaux publics.
Le 31 Décembre 1868, Amédée démissionne de son
poste d’agent voyer cantonal pour s’établir Géomètre Arpenteur à Pont Audemer
(Eure). C’est à ce moment qu’il doit rencontrer Virginie Méduline POIGNANT. Il
restera géomètre arpenteur jusqu’en 1870 faute de trouver une clientèle
suffisante il cessera son activité (source : lettre d’Amédée OUIN).
Le Vendredi 12 Novembre 1869 nait Amédée René
Gustave POIGNANT aux Préaux (27). Il est le fils naturel de Virginie Méduline
POIGNANT et d’Amédée Joseph OUIN. Le fils d’Amédée et de Virginie décède le 30
Juillet 1870 aux Préaux, à l’âge de 8 mois.
Le 1er Avril 1870, Amédée Joseph OUIN
fait une demande au Préfet de Seine Inférieure (Seine Maritime) à l’effet
d’obtenir un poste d’agent voyer cantonal et fut admis de suite sur
présentation de ces certificats du département de l’Eure. il fut nommé agent
voyer à Fécamp, le 15 Avril 1870. Il restera à ce poste jusqu’au 15 Juin 1876.
Le 15 Août 1870, Joseph Amédée OUIN et Virginie
Méduline POIGNANT passe leur contrat de mariage devant Me Hippolyte Alfred
VIGOT, notaire à Epaignes (27). (Voir contrat de mariage et acte de mariage
ci-après).
Le 03 Octobre 1870 aux
Préaux (27), Amédée Joseph OUIN âgé de 26 ans épouse Virginie Méduline
POIGNANT, celle-ci est alors âgée de 39 ans et veuves 2 fois, la première de
Pierre Jérôme DELABARRE et la seconde fois de Jacques Romain (Jacobus Romanus)
d’HOIR. La mère de Joseph, Olive SALMON, fut très mécontente voire plus de ce
mariage. L’un des sujets de ce mécontentement était que Virginie Méduline
POIGNANT était déjà deux fois veuve et plus âgée qu’Amédée. Ce serait à cause
de ce mariage qu’Amédée Joseph OUIN s’expatria avec Virginie Méduline POIGNANT
à Cahors (Lot). Dans les années 1890, Amédée écrit à sa sœur Olivia OUIN épouse
PIOT et parle de son épouse mourante puis écrit ensuite sur du papier encadré
de noir, preuve qu’il est alors veuf de Virginie Méduline POIGNANT. Olive Marie
SALMON s’oppose à ce mariage par le ministère de Me LERAT huissier à Pont
Audemer (27) à la date du 13 Août 1870. Amédée Joseph OUIN produira pour son
mariage une main levée rendue le 10 Septembre 1870 autorisant l’officier de
l’état civil des Préaux (27) à le célébrer.
Le Dimanche 27 Août 1871, à
Fécamp (76), nait Leur fille Olivia Augustine Azima OUIN.
Le 15 Juin 1876, Amédée
Joseph OUIN démissionne de son poste d’agent voyer de Fécamp pour un poste plus
lucratif à ses yeux dans le service de la construction des chemins de fer de
l’Ouest. Il y prend son poste le 24 Juillet 1876. De cette date jusqu’au 30
Juillet 1879, Amédée Joseph OUIN a suivi les opérations de terrain et de tout
les travaux de construction de la ligne Barentin à Duclair, et à Caudebec en
qualité de piqueur.
Le Samedi 10 Février 1877, à
Duclair (76), nait Gabrielle Marie Louise Adèle OUIN, Amédée est alors Piqueur
attaché à la construction des chemins de fer de l’Ouest. Amédée et Virginie
habitent alors rue des Moulins à Duclair.
Le piqueur dans une exploitation de chemins de fer
est le trait d'union entre le personnel ouvrier et le personnel technique.
C'est lui qui manie le courage, le zèle et le dévouement de l'ouvrier dont
dépend en grande partie le résultat du but à atteindre. Faire son devoir,
assurer la sécurité des trains et réduire les dépenses : ce problème ainsi posé
fait ressortir le rôle important que le piqueur doit remplir. Au service de la
voie, le piqueur remplit un rôle analogue au contremaître dans les Ateliers. Il
juge de la façon dont le travail est exécuté, du temps employé pour le faire et
de la distribution des missions que chaque ouvrier doit remplir. Pour remplir
ce rôle, on conçoit aisément que le piqueur doit posséder les différents
métiers qu'il a la charge de surveiller et de guider. Mais où doit-il les
apprendre ? Nous possédons quelques opuscules donnant des instructions
générales mais qui ne permettent pas à l'ouvrier de se perfectionner dans son
métier, car ne l'oublions pas, le métier de piocheur est un véritable métier
que tout ouvrier n'est pas capable de remplir. Le tracé des voies sur le
terrain exige du raisonnement et de la réflexion. Les éléments de géométrie lui
sont indispensables. La routine seule le guidait. Dans les écoles industrielles
ces cours sont donnés dans un but différent et les conseils qu'il reçoit de son
piqueur constituent son bagage intellectuel, car peu de nos ouvriers ont
terminé leur école primaire. Le piqueur est recruté parmi les bons ouvriers
piocheurs et chefs piocheurs après un examen passé devant un jury. Un piqueur
consciencieux et instruit rend la tâche du Chef de section plus facile et les
services de surveillance et d'exécution se ressentiront avantageusement des
résultats qu'ils sont en droit d'en attendre. Mais là ne se bornent pas les
services que l'on demande d'un piqueur. Il doit encore être à même de
surveiller les constructions en bois et en maçonneries, les travaux de
terrassements, etc. Le calcul des terrassements était pour eux inconnu et, sans
avoir fait des études moyennes, ils seront capables de comprendre les devis des
travaux dont ils doivent surveiller l'exécution.
En 1880, Amédée et Virginie
voient leurs deux filles décéder, les 28 et 30 Novembre, Gabrielle et Olivia
meurent à Cénevières (46).
Dans l’indexation des archives
nationales (http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/fonds/edi/sm/F/EDIF14.html) afin d’y trouver le répertoire des dossiers
individuels des ingénieurs, chef et sous chefs de section du cadre auxiliaire
des Travaux Publics (XIXe s.) Inventaire-index par M Illaire, 2008, 117p. On y
trouve pages 31 et 119 les côtes du dossier individuel d’Amédée Joseph
OUIN : F/14/2929. On y apprend la cessation d’activité pour le Ministère
des Travaux Publics pour motif de
démission le 03.06.1882, Amédée a alors 38 ans. Dans son dossier professionnel
il est indiqué qu’Amédée Joseph OUIN a dû démissionner sans attendre l’accord
de sa hiérarchie afin de rejoindre Paris où des affaires familiales de première
importance l’attendaient.
Du 22 Septembre 1879 au 03 Juin 1882,
Amédée Joseph OUIN est alors Sous-Chef de Section 1ère classe à la
construction des Chemins de Fer, division de Cahors (LOT, 46) au service des
études de chemins de fer. Le 27 Mars 1880, Amédée Joseph OUIN est basé à Saint
Géry, commune proche de Cahors. On apprend sur sa fiche de personnel pour cette
année 1880, qu’Amédée est marié, et à deux filles. Il s’agit certainement de
deux filles de Virginie Méduline POIGNANT, dont Azima d’HOIR. Il est alors
attaché à la 2ème section de la ligne Cahors à Capdenac. On lui
confit alors les fonctions de Chef de Section.
Durant l’année 1881, Amédée Joseph OUIN
est chargé de la 3ème section de la ligne Cahors-Capdenac notamment
d’opérations sur le terrain et de préparation des projets d’exécution,
percement des galeries d’essai des souterrains de Cénevières,Bessac, Calvignac
et Lagarrigue.
En 1882, Amédée Joseph OUIN habite à
Saint Martin-Labouval, hameau sur la ligne de chemin de fer. Il perçoit à cette
époque un salaire de 2.400,00 Frs. A partir du 01er Juillet 1882,
Amédée Joseph OUIN est occupé comme dessinateur dans les bureaux de l’Ingénieur
ordinaire. Ce jusque sa démission le 27 Mars 1882.D’après le dossier
professionnel d’Amédée Joseph OUIN, l’ingénieur ordinaire nous précise
qu’Amédée démissionne pour passer au service d’un entrepreneur. Cependant, dans
sa lettre de démission (ci-après) Amédée Joseph OUIN justifie sa démission par
le fait que des affaires pressantes et familiales l’attendent à Paris.
En 1894 au décès de son épouse Virginie
Méduline POIGNANT, Amédée Joseph OUIN demeure à Mauriac (15). Le 14 Avril 1894 à Aujols, Virginie
Méduline POIGNANT décède à l’âge de 62 ans. Amédée est alors âgé de 50 ans. On
apprend sur l’acte de décès que ses parents Louis Victor POIGNANT et Luce
Virginie RIGOT, nés dans l’Eure (27) sont décédés à Saint Etienne Cantalès (15)
où ils étaient fleuristes-jardiniers.
En 1896, lors du recensement, Amédée
Joseph OUIN habite à Aujols (46), au lieu dit Puit-Neuf, avec Azima Coralie
OUIN, présentée comme sa nièce (alors qu’il s’agit de la fille de sa femme),
Amédée Joseph OUIN est dit Rentier.
Le 23 Avril 1897 à Aujols (46), Amédée Joseph OUIN a une fille avec
Azima Coralie Marie Thérèse d’HOIR, qu’il prénomme Germaine Angéline Azima mais qu’il ne
reconnaitra pas. Sa mère Azima Coralie Marie Thérèse d’HOIR la reconnait le 28
Mai 1897 à Aujols. Germaine d’HOIR meurt le 14 Janvier 1913 l’âge de 15 ans à Cormeilles
(Eure) d’une pneumonie (source : histoire familiale, Marie-Thérèse
BRIENS). Nous n’avons pas à ce jour de photo de Germaine OUIN-d’HOIR.
Le 04.03.1900 à Cahors (46), nait Yvonne Gabrielle
OUIN, fille d’Amédée Joseph OUIN et de mère inconnue. Amédée a 56 ans et habite
alors Place de la Croix, à Cahors (Lot), il est dit agent voyer communal.
Lors du recensement de 1901 à Cahors, Amédée Joseph OUIN et sa famille habitent
8 rue de l’Isle à Cahors (Lot). Le foyer se compose alors de 5 personnes, à
savoir :
_
Amédée Joseph OUIN, 57 ans, chef de famille, agent voyer communal, employé par
la Mairie,
_
Azima Coralie d’HOIR, 40 ans, épouse, sans profession,
_
Germaine OUIN, 4 ans, fille,
_
Yvonne OUIN, 1 an, fille,
_
Pélagie LUGAN, 15 ans, domestique.
La présence d’une domestique
indique un niveau de revenus conséquent pour ce début du XXème siècle.
De 1901 à 1907 Amédée Joseph
OUIN sera employé voyer communal pour Cahors (46).
Le 10.02.1907, à Cahors (Lot) Amédée Joseph OUIN meurt, il est âgé de
63 ans. Sur son acte de décès est écrit qu’il est veuf de Virginie POIGNANT, ce
qui valide le mariage de 1870. Virginie POIGNANT est le nom de la mère d’Azima
d’HOIR, «épouse » d’Amédée Joseph OUIN. Il est à noter que la légende
familiale dit qu’ils ne se sont jamais mariés. Fait confirmé par l’absence
d’acte de mariage, par l’acte de décès d’Azima Coralie d’HOIR dans lequel elle
est dite célibataire. Amédée Joseph OUIN s’est donc marié avec Virginie
Méduline POIGNANT veuve d’HOIR en 1870. Puis au décès de son épouse en 1894, Amédée
se lie d’amour avec la fille de Virginie Méduline POIGNANT et de Jacques Romain
d’HOIR, Azima d’HOIR, née le 31 Décembre 1860 à Pont-Audemer (Eure). Suite au décès d’Amédée Joseph OUIN j’ai demandé à consulter les tables
de successions et absences de succession de Cahors (46), côte 3Q437 des
archives du LOT (46). On y voit que le décès d’Amédée Joseph OUIN y est bien
inscrit et que la succession a été faite le 09.01.1908. Il y est inscrit
également qu’Amédée Joseph OUIN est veuf de V. POIGNANT.
Ci dessous quelques lettres écrites par Amédée Joseph OUIN que j'ai pu retrouver.
En espérant que cela vous a permis de mieux connaître notre aïeul !
Dimitri